Birane SECK

Village de Ndiedieng

Janvier 2019

A lui seul, Mohammed pourrait illustrer une nouvelle version du conte de Kaydara.
A 20 ans, il décide de partir voir le monde, ce qui l’a mené en Mauritanie et au Maroc en exerçant plusieurs métiers (chauffeur, vendeur, …).
Il revient de ces chemins de traverse au bout de dix ans et Gora – un ami de feu son père – lui propose de s’installer et suivre la formation à Kaydara pour une nouvelle expérience.
Mohammed ne garde aucune amertume de ces dix ans de galère : c’était un passage obligé qui lui a permis de renforcer ses capacités et l’a changé en profondeur.
Heureux et autonome, il est intarissable sur ses techniques, qu’il maîtrise parfaitement, mais Mohammed ne néglige pas non plus l’expérience de terrain.
Il a aménagé un vaste poulailler sous des rôniers, conservés pour le décor et l’ombre et dont les fruits en tombant font le délice des volailles. Celles-ci sont également protégées des prédateurs grâce à des abris bien conçus.
Mohammed collabore avec tout ce qui pousse sur le terrain : une plante épineuse qu’on lui conseillait d’arracher s’est ainsi révélée pourvoyeuse d’azote lorsqu’on la mélangeait à d’autres feuilles.
Mohammed a à cœur de préserver les connaissances apprises auprès de son père agronome et sa mère vétérinaire. Il est d’ailleurs formateur en élevage.
Il est également habile gestionnaire : l’argent des récoltes successives depuis 15 mois a été investi dans l’achat d’une moto-pompe et de tuyaux, mais aussi dans l’installation de panneaux solaires sur la maisonnette pour alimenter des projecteurs destinés au travail de nuit, et enfin dans l’achat d’une moto .
Il déborde de projets, qu’il entend mener à son rythme :
développer les cultures fruitières pour fournir les hôtels en confiture (grâce à la relance du tourisme , comme en témoigne la construction d’un grand complexe au sud de M’Bour) ;
créer un petit élevage de chèvres pour la production de fromages et installer des panneaux solaires pour alimenter un petit réfrigérateur destiné aux fromages.
Mohammed rêve de construire ici sa ferme, d’où il contemplera ses cultures.

Photo et interview de M.-F. Amand